J’ai testé pour vous… être professeur de FLE au Maroc.

Article : J’ai testé pour vous… être professeur de FLE au Maroc.
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13 décembre 2017

J’ai testé pour vous… être professeur de FLE au Maroc.

Il y a quelques temps, je vous faisais part – dans un précédent article – de ma volonté de trouver un emploi de professeur de FLE au Maroc. Je vous avais aussi partagé mes doutes et les difficultés que j’éprouvais à assurer mes cours aux enfants débutants. Trois mois plus tard, le temps est venu de faire un point sur cette expérience et les leçons que j’en ai tirées.


Tout d’abord, sachez que j’ai effectué au total 99 heures de cours. Soit trois modules de 30h répartis sur trois groupes : A3 pré-adolescents, A1 adultes et B1 adultes. Le groupe des petits débutants du samedi matin m’a été enlevé, à mon grand soulagement. J’ai eu des difficultés à organiser mes cours pour le groupe B1 qui était assez hétérogène.

La toute première leçon que j’ai tiré de cette expérience, c’est que la préparation d’un cours demande énormément de temps. Mais ce n’est pas grave, ça me plait ! Et je me dis que lorsque j’aurai plus d’expérience, des documents appropriés et des programmes déjà établis. Je gagnerai un temps considérable.


De l’autoformation à la classe de FLE

Pendant ces trois mois, j’ai été un peu autodidacte. Je me suis auto-formée. Même si j’avais suivi les professeurs pendant trois semaines cet été, cela n’était pas suffisant. Les premiers cours ont été difficiles, puis petit à petit je me suis sentie un peu plus à l’aise. Sans pour autant avoir totalement confiance en moi. Avec les autres professeurs, nous avons bien eu deux jours de formation. Seulement voilà, j’avais déjà effectué mes 88 heures de cours sur les 90 prévues dans le module.

J’ai essayé tant bien que mal de suivre les cours du CNED pour mon DAEFLE, qui m’ont apporté beaucoup. Cependant, je suis tellement en retard sur le programme que je commence à douter de ma capacité à rendre les devoirs dans les temps. Et donc à obtenir le diplôme.

J’ai donc décidé que, même si le terrain est très formateur, il vaut mieux que je revois le sens de mes priorités. Je vais donc m’appliquer dans les prochains mois à ne me concentrer que sur mon diplôme. 


L’absence de supports pédagogiques adaptés

Soyons clairs, on n’utilise pas le même support pédagogique lorsque l’on enseigne le français aux enfants et aux adultes. Il me semble que, bien qu’il faille commencer par le commencement, on ne va pas fixer les mêmes objectifs d’apprentissage. Déjà, parce qu’ils n’ont pas la même manière d’apprendre. Et ensuite parce qu’ils n’ont pas les mêmes centres d’intérêt. Pendant les premiers cours avec les adultes débutants, j’ai tenté d’appliquer la méthode de ma collègue, en vain. Franchement, qu’est-ce que un adulte en a à faire de dire que « dans ma chambre, il y a un lit, une armoire, une chaise, et une télévision » ?! 

J’ai bien essayé d’utiliser les manuels à ma disposition, mais ils étaient tous adressés à un public adolescent (disons de 10 à 15 ans). Je ne dis pas que le manuel Adosphère est inutile. Je dis seulement qu’il n’est pas adapté à un groupe d’adultes. D’ailleurs dans « Adosphère », il y a bien le préfixe « ado ». Alors pourquoi on continue à me soutenir le contraire ? Vous me voyez, vous, enseigner aux +18 ans comment organiser en français son super goûté anniversaire avec leurs super-meilleurs-copains ? Moi, pas.

J’ai donc appris la grande difficulté qu’était la préparation d’un courssurtout lorsque l’on n’a pas de support. 


Le piège Internet

Les recherches sur internet prennent énormément de temps. Et vous connaissez le concept de la grande toile : on trouve de tout sauf ce que l’on cherche vraiment. On s’égare vite. Il faut savoir faire preuve d’une grande volonté pour ne pas revoir 150 fois la vidéo du chat qui fait la gueule, ou du gaufrier qui pète. Ma préférée restant quand même celle des canards en plastiqueMort de rire.

De plus, on trouve quand même sur les sites participatifs comme ISL Collective de nombreux documents truffés de fautes et de non-sens. Ainsi, j’ai également appris à toujours relire mes documents avant d’aller en classe. Ça permet d’éviter pas mal de malaises lorsqu’un étudiant vous fait gentiment remarquer que l’exercice que vous avez soumis est rempli d’erreurs. Oups.


Des étudiants peu sérieux

S’il y a une chose que j’ai apprise, c’est que s’il y a de mauvais professeurs, il y a aussi de mauvais élèves. Comme ceux qui viennent sans cahier ou sans stylo. Ceux qui loupent les cours, qui arrivent en retard. Ceux qui répondent au téléphone…

Et ceux qui pensent qu’on apprend une langue comme on fait une piqûre, et que je vais leur injecter une dose de vocabulaire à chaque cours. Sauf que je suis pas infirmière, encore moins élève, je suis le proFLEsseur. Donc ce n’est pas à moi de réviser à leur place.

Par contre, je me suis aperçu de la nécessité de revoir ses propres leçons avant de vouloir les apprendre aux autres. La langue française est une langue exigeante régie par énormément de règles auxquelles on ne réfléchit pas forcément. Lorsque c’est notre langue maternelle, on la pratique par automatisme.


De la léthargie marocaine

Pour finir, il me semble important de vous expliquer mon parcours concernant la demande de visa-travail. C’est bien simple, je ne l’ai toujours pas obtenu, après 3 mois de présence dans le pays.

Lorsque l’on s’est décidé à entamer les démarches avec mon employeur (au bout d’un mois…) pour en faire la demande, nous nous sommes rendus compte qu’il fallait prendre contact avec l’ANAPEC, l’agence marocaine pour l’emploi. Il nous fallait obtenir un papier certifiant « l’absence de candidats nationaux pour occuper le poste proposé ». Les centres de langues privés ne sont pas concernés par cette mesure. Mais faute de diplôme, je ne remplissais pas toutes les conditions pour qu’on me laisse travailler. J’ai eu la chance d’être prise en pitié par la dame qui nous a reçu. Touchée par ma situation et ma mine dépitée, elle m’a doucement glissé qu’elle ferait passer mon dossier. Chose qui a en effet été faite ! 

Une fois cette formalité remplie, il a fallu que mon employeur m’inscrive sur le site  web TAECHIR (qui ne fonctionnait pas bien) avant de me présenter au service de l’emploi des étrangers. La seule bonne nouvelle dans l’histoire, c’est qu’alors que nous pensions devoir aller jusqu’à Rabat, nous avons pu nous présenter à Casablanca.

Et heureusement. L’employée qui nous a reçu nous a en effet renvoyé pour cause de dossier incomplet. Moi perso, je le savais bien qu’il me manquait des documents. Je n’étais pas en mesure de présenter les certificats de travail de mes deux précédents emplois. Mais mon chef a insisté pour nous y rendre, persuadé que c’était gagné d’avance. Hé non mon gars, j’te l’avais bien dit !

Bref, tout ça pour dire que, léthargie marocaine oblige, mon visa touriste est arrivé à expiration au bout de trois mois. J’ai donc été obligée de sortir du territoire, au moins pour aller chercher les papiers manquants en France. Le problème étant que lorsque l’on touche un salaire marocain, ça devient très compliqué d’acheter un billet aller-retour. J’ai donc pris un aller simple direction la France. Country sweet country.

Le mot de la fin

Pour conclure, je dirais que je ne suis pas sûre d’avoir toutes les compétences pour me lancer dans l’enseignement. Je suis résolue à terminer ma formation avant de me lancer. Même si l’on se forme tout au long de sa carrière, il me semble essentiel d’avoir les bases avant de commencer. Ne serait-ce que pour se sentir sûre de soi en face des élèves.

Il me reste donc encore beaucoup de choses à apprendre. En attendant, me voilà en France où je vais profiter de mes amis et de ma famille avant de repartir peut-être, vers de nouvelles aventures.

 


A bientôt donc, pour un nouveau billet.
En attendant restez connectés et n’oubliez pas : gardez l’esprit ouvert sur le monde !


 

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