Marie

L’intimité du hammam marocain

Loin des clichés semi-érotiques européens, les hammams marocains sont des lieux d’intimité que j’apprécie particulièrement fréquenter.Avec tout mon attirail sous le bras, je m’y rends une fois par semaine, comme une grande majorité des marocaines. Attention, je vous parle des hammams populaires, pas des hammams touristiques. Mais au fait, savez-vous vraiment en quoi consiste le véritable bain maure? 


Si vous pensez aller au hammam comme vous allez au sauna, détrompez-vous ! Sachez que c’est plutôt de votre brosse à dents qu’il faut vous munir.

Depuis mon arrivée au Maroc, j’ai eu le temps de me constituer un petit nécessaire. Il comprend du savon noir, un gant à gommage, une pierre ponce, une paire de tongs en plastiques et un petit tapis en toile cirée. Ça, c’est la base.

J’y ai ajouté du ghazoul (qui est une terre aux vertus savonneuses venant de l’Atlas) pour me laver les cheveux et le visage, de l’huile végétale (il me reste un fond de karité avant de passer à l’argan) pour faire un masque, du shampoing, un rasoir, une brosse à dents…

Ghassoul, savon noir et henné

Car oui, vous l’aurez compris, le hammam est avant tout une salle de bain géante. Personnellement, ça me change de la toute petite douche sans pression de l’école qui coule comme du pipi de chat et qui change progressivement de température. Au moins au hammam, vous êtes sûres d’être toujours au chaud.

Le droit d’entrée

Attention à ne pas vous tromper d’entrée lorsque vous allez au hammam ! Les hommes et les femmes sont en effet séparés. Soyez tranquille, en cas d’erreur, vous serez rapidement rappelé à l’ordre et chassé vers la sortie. Dans certains villages, il n’y a qu’un hammam, et les horaires sont aménagés pour les hommes et pour les femmes.

Après vous être acquittés d’un droit d’entrée de 10 dirhams (moins d’un euro), vous pouvez entrer dans un vestiaire où l’on vous remet, si vous n’en avez pas, un seau ou deux (à remplir d’eau chaude) et une coupelle . Vous pouvez (et devez !) laisser vos affaires sous la surveillance d’une dame (à qui je laisse en général un dirham).

Quartier libre à l’intérieur du hammam

Une fois dans le hammam, vous pouvez vous installer où vous voulez, dans la salle que vous voulez (certains hammams en possédant plus que d’autres). Et vous pouvez y faire tout ce que vous voulez ! Ou presque, votre liberté s’arrêtant là où celle des autres commence.

Certaines se colorent les cheveux au henné, d’autres s’épilent, s’enduisent de masques, se brossent les dents, se poncent les pieds…

Alors forcément, les lieux ne sont pas toujours d’une propreté irréprochable. C’est pour cela que je chausse mes petites tongs de salle de bain toutes mignonnes (et dont le prix était mignon lui aussi) et que je m’assois sur ma petite toile cirée (achetée elle aussi à prix mignon). J’essaie d’y aller le matin, lorsque les salles ont été lavées.

Un lieu de rencontres et de bien-être

Au hammam, on y va seule, entre amies ou en famille. Ça papote entre filles, ça frotte les enfants, ça se frotte le dos entre copines. Car oui, le hammam est un lieu social. Et non érotique.

Pour ma part, je préfère y aller seule. Je m’installe dans mon coin, et je me concentre sur moi-même. Prendre soin de moi et le faire avec application, ça me fait à chaque fois le plus grand bien. Alors bien sûr, il n’y a personne pour me frotter le dos. Mais je commence à développer des techniques de contorsionniste assez intéressantes !

Je commence toujours par me mouiller entièrement, puis je m’enduis de savon noir avant de m’occuper du reste. Lorsque j’ai fini tout ça, je me frotte avec le gant pour le gommage. Voilà l’essentiel à savoir sur le procédé, le reste n’appartenant qu’à mon intimité et celui de mes sœurs.

Une vision erronée du hammam populaire.

Des femmes, que des femmes

Ce qui me fait le plus de bien lorsque je vais au hammam, c’est justement de pouvoir m’échapper du regard permanent des hommes. C’est à peu près le seul endroit où je me sens sereine, en sécurité.

Je sais que personne ne va surgir de n’importe où pour faire une réflexion désagréable et sexiste. Car si ces derniers temps, la polémique du harcèlement sexuel fait rage en Europe et aux Etats-unis, vous n’imaginez même pas ce que subissent marocaines et étrangères vivant au Maroc !

Même si le lieu est plein à craquer, je retrouve au hammam mon intimité. Personne ne vous regarde avec insistance. Vous n’êtes qu’un corps parmi les corps. Pas de jugement, pas de critique, ou alors je ne les comprends pas, voilà un des avantages à ne pas parler la langue du pays.

Une fois par semaine, c’est donc le petit plaisir que je me fais. Ma sortie hebdomadaire, rien que pour moi.

Quelques petits conseils

Cependant pour aller au hammam, il y a quelques petites précautions à prendre. Croyez-moi, c’est du vécu !

  • Évitez les coups de soleil ! Chaleur et gommage intense ne font pas bon ménage, vous allez vous en souvenir.
  • Mangez avant d’y aller. Sinon avec cette chaleur,c’est le malaise vagal assuré !
  • Emportez une bouteille d’eau, au cas où vous auriez trop chaud à l’intérieur ou en sortant.
  • Reposez-vous en rentrant ! Parce que même si on se détend, la chaleur, ça tue. Surtout lorsque l’on s’agite avec tous ces gommages et ses frottages intensifs ! La dernière fois, j’ai traîné un mal de tête comme si j’avais fait un trop gros effort à la salle de sport pendant toute la journée. Buvez une bon thé à la menthe bien chaud, détente assurée !
  • Finissez le travail à la maison ! N’oubliez pas de vous mettre de la crème ou de l’huile sur le corps pour préserver votre petite peau douce !

Le mot de la fin

Vous avez sans doute pu constater qu’au Maroc, le hammam sert moins à se détendre qu’à se laver. Certes, la chaleur et le fait de prendre soin de soi en font un espace de bien-être. Cependant, notre conception érotisée du hammam (allez, faites pas les timides, tout le monde a déjà imaginé aller au hammam en couple, merci les romains) est bien différente de l’usage que l’on en fait réellement ici. Alors, ne soyez pas surpris la première fois que vous irez.

Mais ça, vous le savez déjà, puisque vous avez pris le temps de lire mon article 😉


Merci donc pour votre lecture et n’oubliez pas :
Gardez l’esprit ouvert sur le monde.


 


J’ai testé pour vous… chercher un emploi de professeur de français au Maroc

Devenir professeur de français langue étrangère (FLE) voilà mon nouveau projet de vie. J’aimerais, à terme, enseigner le français aux migrants primo-arrivants en France ou enseigner à l’étranger. Moi qui aime voyager, voilà de quoi lier ma passion pour le monde avec une activité professionnelle. J’ai donc décidé il y a deux mois de chercher un poste de professeur de français au Maroc, pays dont je suis tombée amoureuse il y a quelques temps. Bilan…


L’idée de départ…

Après avoir passé avec succès le test d’accès de la formation au diplôme d’aptitude à l’enseignement du français langue étrangère (DAEFLE), il ne me restait plus qu’à m’inscrire au CNED et effectuer mes cours à distance pendant une petite année.

Ainsi, me prend l’idée de chercher un organisme marocain public, privé, d’utilité sociale ou non, afin de donner des cours de français. Je pensais pouvoir mettre en application les apports théoriques de la formation. Une idée qui ne me semblait pas trop déconnante, ma foi !

Oui mais voilà…

Premier hic, arrivée sur place fin mai, je comprends vite que s’appuyer sur une association caritative est risqué compte tenu de l’aspect bancal et profiteur des projets associatifs.

Deuxième hic, j’apprends que mon projet ne pourra pas se faire dans les écoles publiques, où l’enseignement des langues est fermé et similaire à l’apprentissage des langues en France. Vous êtes vous déjà posé la question du pourquoi, nous les français, nous sommes complètement nuls en anglais ?!

Puis, sur les conseils d’un ami marocain professeur de français dans un collège, je dépose ma candidature dans plusieurs Instituts Français. Troisième hic, celles-ci, exceptée une, restent sans réponse. Et c’est avec grande déception que j’apprends que malgré mon « profil intéressant », je ne pourrai pas signer de contrat sans avoir obtenu de carte de séjour. L’administration, ou comment prendre le problème à l’envers, puisque vous ne pouvez pas obtenir de carte de séjour sans avoir de contrat.

Enfin, dernier hic, j’essuie aussi l’échec d’une rencontre avec le directeur d’une école privée franco-marocaine de Casablanca. Cet entretien n’a certes pas été inutile dans la mesure où l’on m’a suffisamment renseignée pour que je comprenne que, sans diplôme vous ne valez rien. Même si vous êtes natif du pays dont vous voulez enseigner la langue.

Bref… en y réfléchissant bien, ces institutions  sentaient bien trop la France pour moi.


Merci workaway !

Un peu dépitée, je me suis donc tournée vers le volontariat dans l’idée de me faire des contacts et de valoriser mon profil grâce à quelques expériences. Encore une fois, le site workaway (dont je vous ai déjà parlé ici) fait des miracles.

Sans vraiment le savoir, je contacte le responsable de la British Language Academy, que je rencontre le surlendemain. Le dialogue est franc, ouvert, et surprenant à la fois ! En effet, j’intègre l’école comme bénévole dans les trois jours qui suivent. Mieux encore, j’entrevois la perspective de devenir professeur de français après une formation auprès des professeurs. Rapidité, efficacité, cette proposition m’intéresse, et il ne reste plus que la confiance à installer…

Le mec me parait sain, la tête sur les épaules, avec plein de projets intéressants. Mais, me souvenant les mauvaises expériences que j’ai pu vivre avant d’en arriver là, je me méfie. Un jour un grand sage à dit : « Si tu veux vraiment me connaitre, n’écoute pas ce que je dis mais regarde plutôt ce que je fais« . Une philosophie que je m’efforce à mettre en application.

Savoir frapper à la bonne porte.

Un accueil au top !

Non seulement on me propose d’être formée, mais en plus je suis logée ! Mes collègues marocaines m’accueillent dans leur appartement comme une sœur. Une vraie auberge espagnole uniquement féminine où l’on parle anglais, français et darija. Elles me prêtent des fringues, moi qui porte les deux mêmes pantalons depuis 2 mois (je vous ai déjà parlé de mon aversion pour le luxe… mais bon, faut pas exagérer !). Le rêve.

Et surtout, je me sens en sécurité. Loin de cette mésaventure marquante d’Essaouira qu’un jour je vous raconterai peut-être… No way…

Sinon à l’école, tout se passe bien. Je râle un peu contre ceux qui ne lavent pas leur putain de vaisselle et ceux qui utilisent ce vieux torchon dégueulasse sale pour tout et n’importe quoi. Sans parler de ces putains de draps que personne ne veut prendre la responsabilité de laver (merde les gars, la washing machine ne va pas vous manger !)

Des liens sont tissés avec mes camarades volontaires de tous horizons (Angleterre, France, Turquie/Bosnie –love U Kerem-, Mexique…). Parce que nous nous sommes apprivoisés, chacun se raconte ses projets, ses galères et ses doutes. Et je me sens super triste de les quitter après tant d’angoisse et de joie partagés !


Des méthodes pédagogiques de FLE inspirantes…

Pendant 3 semaines, j’assiste donc aux cours de mes deux collègues marocains professeurs de français. Les deux méthodes sont différentes : l’une basée sur l’enseignant scolaire -lecture et écriture-, l’autre axée sur la communication.

La première m’a rapidement projetée dans le passé, lorsque j’assistais honteuse aux cours d’anglais au lycée. Cette époque remonte, mais je n’oublierai jamais comme j’avais peur de prendre la parole devant mes camarades boutonneux et moqueurs. Ni comment j’avais dû étudier Roméo et Juliette en version originale (pompeuse et au langage d’un autre temps) alors que je ne maîtrisais même pas le langage courant…

C’est donc la deuxième méthode qui m’intéresse le plus, et avec laquelle je me sens plus en adéquation : la COMMUNICATION.

L’avantage d’avoir pu observer ces deux approches, c’est que je sais à peu près comment je veux enseigner.

J’ai également eu l’opportunité d’assurer des cours lors de remplacements de mes collègues. J’ai alors compris ma douleur : essayez un peu de faire parler des élèves qui ne font que lire des textes et répéter ce qu’ils ont appris comme des perroquets. Vous passerez les deux heures de cours les plus longues de votre vie. Car cela a véritablement été un vrai CARNAGE.

… et des méthodes à réfléchir.

Cela m’a aussi permis de faire resurgir mon esprit critique qui depuis se trouve au meilleur de sa forme ! Et d’observer des faits qui me questionnent et pour lesquels je devrai un jour prendre position.

Par exemple, je suis bien d’accord qu’apprendre une langue, c’est s’ouvrir à une autre culture, une autre civilisation. Mais quel est l’intérêt de savoir parler du pays des autres quand on ne sait même pas s’exprimer sur le sien ? Savoir que l’on mange des frites à Bruxelles, c’est cool… Mais à quoi ça sert lorsque l’on ne sait même pas dire ce que l’on a mangé à midi ? Un couscous ? Ah ah ! Bien trop facile comme réponse !

Deuxièmement, je me demande quel est l’intérêt de faire recopier des phrases du tableau sans même contrôler que cela soit fait sans faute d’orthographe. Ou avec une majuscule en début de phrase, ou avec un point en fin de phrase. Bref, que cela soit bien fait.

Enfin, se pose la question grave de la menace des châtiments corporels. Non seulement le professeur m’a incluse contre mon gré dans ce système de merde particulier, mais en plus à aucun moment il ne m’a parlé d’une méthode alternative. C’est avec le cœur serré que j’ai observé cette jeune fille verser des larmes sur le bâton (que j’ai dû moi-même aller chercher… ) qui survolait ses doigts. Bien qu’elle n’ait pas réellement été battue, je suis restée choquée. L’école ne doit à mon avis pas reproduire les actes de violence (éventuellement) subis à la maison. Cette méthode n’est-elle pas d’un ancien temps ? N’est-ce pas choisir la solution de facilité que d’obliger un enfant à apprendre sous la menace ? N’y a-t-il pas d’autres solutions ?

Et surtout, avons-nous le monopole du savoir, nous européens bien-pensants ? Détenons-nous l’Absolue Vérité sur les méthodes éducatives ?


Le fin mot de l’histoire !

Bref, vous le voyez, il y a encore bien des questions en suspend. L’expérience me permettra sûrement d’y répondre, puisque j’ai signé au terme des 3 semaines un contrat de travail d’un an qui débutera en septembre prochain.

En parallèle, je vais suivre ma formation via le CNED, pour devenir je l’espère une super prof de français qui déchire !

Il ne me reste plus qu’à trouver une façon de remercier mon sauveur employeur Harim qui me fait confiance dans cette aventure, procéder au déménagement, négocier ma chambre privée au sein de l’école (oui je suis sociable mais bon…) et obtenir la carte de séjour marocaine. Encore quelques doutes en perspective donc… Et encore bien d’autres aventures à venir !

Mais cela, c’est  l’histoire d’un autre billet !


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Marrakech, la grosse Arnakech.

La très touristique ville de Marrakech. Sa réputation la précéde : Marrakech, Arnakech. Alors fake ou réalité ? Laissez mon expérience éclairer votre lanterne…


Ça commençait plutôt bien…


C’est plutôt enjouée que je suis arrivée au Ryad Laarouss qui se situe dans le quartier du même nom, non loin de la gare routière.

Après avoir parcouru plus de 700km, je me faisais une joie de profiter du spa : me faire fondre dans le bain maure et me glisser dans la piscine si bien vendue par un célèbre site de réservation. Mes petites fesses endolories par l’inconfortable trajet en bus et en taxis le méritaient bien.

En arrivant dans la médina, je trouve mon point de chute assez facilement, refoulant au passage bien des propositions de rabatteurs d’hôtel et de taxis avides de touristes.

L’entrée du Ryad est surveillée par un type aux gros bras. A l’intérieur, le personnel est souriant, la climatisation pas trop forte et le hall sent le chlore. Un bon début.

A la découverte de la chambre, je me dis que je suis tombée sur une affaire. 18€ la nuit à l’entrée de la médina de Marrakech, c’est un bon plan pour une voyageuse fauchée seule comme moi. Petite mais joliment décorée, elle fait son affaire. J’ai même droit à une sale de bain toute propre, rien qu’à moi !

J’avoue que cela fait du bien de se doucher dans une salle de bain sans cafard. Non pas que je sois une adepte du luxe : un jour je vous raconterai comment j’ai appris avec mes amis de la Palmeraie à tuer les scorpions et à rentrer un troupeau de chèvres un peu trop téméraires. Mais ne sentir QUE l’eau courir sur mes pieds pendant ma toilette est devenu un des petits plaisirs simples de ma vie.

Photos Booking du Ryad.

Jusqu’au moment où…


Oui mais voilà, les choses se gâtent lorsqu’on me demande de descendre régler la chambre. On m’informe que je dois payer une soi-disant taxe de séjour de 5€. Premier tic.

A aucun moment je n’ai été avertie de ce supplément. Et je vous assure que je ne fais pas preuve de mauvaise foi. Alors dysfonctionnement du site de réservation ou erreur de la part de l’hôtel ? Peu importe, le principe reste le même : j’aurais préféré en être informée avant mon arrivée.

Après une discussion mouvementée avec la personne de l’accueil, avoir montrer ma réservation sur l’application et trouver le mail récapitulatif de réservation, je n’ai pas le choix : je vais devoir allonger la monnaie.

Résultat, je suis un peu fâchée, mon accueil dans la célèbre ville est raté. Ou plutôt complètement réussi compte tenu du dicton que lui attribuent certains marocains eux-mêmes : Marrakech, Arnakech.


C’est quoi ces tarifs ?!


Pour faire retomber la pression, quoi de mieux qu’une virée au spa ? Je consulte les prix. Pour bénéficier du hammam du ryad, vous devez payer 15€ la demie-heure, soit 13€ plus cher qu’au hamam traditionnel de la médina où l’accès est illimité. Et vous devez ajouter à cela quelques euros pour celle qui vous arrachera la peau (gare aux coups de soleil, ça piiiiique !).

Pour le hammam donc c’est loupé, sauf si j’arrive à dégoter seule un hammam dans la médina. Je suis sûre d’en trouver un rapidement en demandant mon chemin au premier pèlerin venu, mais il me faudrait débourser un tip (ou bakchich) et payer un prix exorbitant qu’on me vendrait comme une affaire.

Pas grave, je me contenterai de la piscine plus tard, pour me rafraîchir de mon escapade dans la médina. Sauf que non. J’arrive à l’heure du dîner au Ryad. Je n’ai pas le droit d’accéder à la piscine centrale qui se trouve près du restaurant désespérément vide…

La piscine est inaccessible le soir… // source : booking.com

Un petit tour dans la médina…


Comme tout visiteur qui se respecte, je veux visiter la médina. Mon temps sur Marrakech est compté, je dois être efficace si je veux profiter.

Dans les rues.

Malgré les sollicitations permanentes et un peu lourdes des vendeurs d’artisanat, je redécouvre avec un certain plaisir les ruelles étroites. En fait, je trouve ça plutôt rigolo de d’assister aux scènes de négociations. Lorsque l’on prend le temps d’y regarder, la médina devient alors un vrai théâtre. Ce qui est le plus surprenant, c’est que les touristes marocains eux-mêmes semblent se faire arnaquer !

Je visite également des petites galeries d’art où je trouve mon VRAI plaisir des yeux. Comme les photos sont souvent interdites, je garde pour moi ces superbes tableaux modernes aux inspirations traditionnelles.

La place Jemma El Fna.

Le lieu est animé. Les femmes me sollicitent pour un tatouage au henné, me glissant leurs carnets de photos défraîchies sous le nez. Les vendeurs de produits de beauté me présentent leurs secrets beldi. Les serveurs des restaurants éphémères me présentent leurs cartes.

Je les esquive tout en observant amusée les demandes du même genre tout autour de moi.
Musiciens berbères, charmeurs de serpents, dresseurs de singes, tous sont présents à essayer de vous soutirer de l’argent. La moindre photo sera payante, sachez-le.

Malgré ma réticence à toutes ces demandes, j’ai envie d’immortaliser le moment et rassemble tout mon courage pour poser, une petite vipère autour du cou. Je donne un peu d’argent au dresseur qui me photographie, et mon portrait est fou et mal cadré. Mais au moins j’aurais une belle photo d’un magnifique cobra noir que j’ai eu le soin de prendre moi-même.

Après avoir flanée, je me laisse tenter par les escargots pour 5 dirhams. Un vrai délice ! Je savoure aussi un délicieux thé au ginseng, tentant de refouler mes craintes du Marrakech Express, ou la célèbre tourista européenne. Les vendeurs de jus de fruits d’en face m’arranguent avec énergie, mais j’aimerais avant tout savoir depuis combien de temps ces jus de fruits frais pressés patientent au soleil.

Le soleil commençant à décliner, je choisis de rentrer à l’hôtel. Je fais bien, considérant les remarques désobligeantes que j’entend sur mon passage.

Les cobras sur la place Jemaa El Fna / photo M. PARENT

Une dernière déception pour la route…


Au petit matin, après une nuit reposante grâce aux boules Quiez que j’ai eu la bonne idée d’apporter, je descend pour savourer le petit déjeuner européen qui est compris dans le prix de la chambre… ET HEUREUSEMENT !

Là, c’est encore une déception : le thé à la menthe (fanée) n’est pas sucré, le pain est de mie (vous trouverez du vrai khubs marocain à 1 ou 2 dirhams -soit 0,10€ À 0,20€ à l’épicerie du coin), et les viennoiseries grotesques. Pour ma part, je fais partie de ceux qui pensent que pour satisfaire le client, mieux vaut proposer ce que l’on sait bien faire plutôt qu’une pâle copie de ce qui aurait dû être bon.

Safi, baraka ! C’est donc sans regret que je quitte l’hôtel pour aller siroter un vrai thé marocain.

Un petit-déjeuner un peu trop européen à mon goût / photo M. PARENT

Une visite matinale chanceuse…


Je profite de l’heure matinale pour visiter le Jardin Majorelle. Je me trouve seule, excepté le groupe de touristes japonais qui descendent de leur bus garé à deux pas. Comme j’ai de la ressource, je prend la visite à l’envers afin de pouvoir prendre de magnifiques photos sans pollution visuelle (pas bête la fille !). Autant vous dire que vue la file d’attente lorsque je suis sortie, je suis arrivée au bon moment ! La visite est quand même formidable. J’ai un gros coup de cœur pour le lieu et je recommande à tout le monde d’y aller faire un tour.

Le Jardin Majorelle est vide… / photo M. PARENT

Quelques conseils pour conclure…


Attentions aux arnaques !

Forts de leur longue expérience, les Marrakchis connaissent bien les touristes. Ils auront toujours un service à vous proposer ou quelque chose à vous vendre. Ils auront toujours réponses à vos remarques et sauront faire naître chez vous des désirs inutiles. Alors, à vous de savoir ce que vous voulez et de contrôler vos envies !
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Prenez les chemins de traverse !

Comme souvent au Maroc, la ville est une destination prisée par les touristes et notamment les compagnies de voyages organisés. Sachez sortir des sentiers battus afin de dénicher des coins sympas, calmes et où les prix seront moins exorbitants.

Essayer aussi de quitter votre rythme européen pour éviter les groupes pour qui le programme de la journée est bien ficelé.
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Prévoyez votre budget !

Marrakech est, à mon avis, une destination pour touristes non-avertis venus passer une semaine au soleil. Une bonne façon de s’initier à la culture marocaine. Mais prévoyez un budget conséquent, cette destination n’est pas pour les petits portes-monnaie. A moins d’avoir déjà visité la ville, de connaître les bonnes adresses et de négocier fermement les prix.
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Visitez le vrai Maroc !

Pour moi, Marrakech n’est qu’une mise en vitrine de la culture marocaine. Tout ou presque y est faux, apprêté à satisfaire les besoins capricieux des étrangers.

Pour découvrir le Maroc authentique, vous passerez votre chemin et vous dirigerez vers des petites villes plus charmantes comme Essaouira, Chefchaouen, Zagora…

Il y en a tant ! Chaque région a son propre charme, renseignez-vous avant de partir.


Il ne me reste plus qu’à vous souhaiter une bonne visite et vous donner un dernier conseil :

⇒ N’oubliez surtout pas de gardez l’esprit ouvert sur le monde ⇐


 


Le projet Erg Smar, un défi face au désert.

C’est à l’occasion d’une excursion dans le désert marocain que j’ai découvert le projet Erg Smar. L’erg* est situé à environ 2h de pistes de M’Hamid El Ghislane (province de Zagora, Maroc). Face à la sécheresse et à l’avancée du désert, c’est un vrai défi que tentent de relever les membres du projet.


L’EAU C’EST LA VIE 


C’est en partant de ce principe simple que les membres du projet se sont lancés dans la réhabilitation de l’oasis.

Ce lieu était autrefois un lieu de rencontre trés fréquenté par les caravaniers et les différentes tribues nomades. Il a été « déserté » il y a une trentaine d’années suite à la sécheresse. Peu à peu, les puits alentours se sont asséchés. Ils n’ont plus suffit à irriguer les cultures et donc à conserver l’agriculture qui maintenait la vie.

→ Recréer la vie,

→ Soutenir la biodiversité,

→ Créer une ferme écologique et jardin de plantes médicinales,

Telles sont donc les ambitions des membres du projet Erg Smar.


TROP CHAAAAUD !!


A l’heure où je vous écris, c’est à dire au début de l’été du sud Maroc (comptez minimum 40°C à l’ombre) les cultures, les bêtes, les hommes souffrent de la chaleur et du manque d’eau. Sans parler de cette période de Ramadan qui ne facilite pas les conditions de travail.

Mon passage à la ferme ayant été assez rapide à cause de ces conditions difficiles, je ne peux malheureusement pas vous montrer plus de photos. Je vous me promets cependant d’y retourner dans peu de temps pour pouvoir en parler plus longuement.

En attendant, si l’envie vous prend d’en savoir plus sur cette belle initiative, vous pouvez les contacter par email  ou visiter leur site.

Pour ma part, mon souhait et d’y retourner en 2019 afin de rencontrer les membres et vous apporter des nouvelles. Incha allah comme on dit là-bas !

*désigne un ensemble de dunes


Le projet de vie SOS Douars

Le site workaway est un concept innovant dont le principe est de fournir un peu de main d’oeuvre en échange du gîte et du couvert. Il permet aux travelers de mon genre de participer à des projets solidaires tout en découvrant la richesse de régions méconnues. C’est grâce à ce site que j’ai croisé le chemin de Nadia. Ce petit bout de femme aux origines franco-marocaine a décidé de s’installer dans la ferme de son grand-père. Rencontre au beau milieu de la région Ait Bamrane au Maroc…


Situé à quelques kilomètres du village de Tioughza, le douar dans lequel vit Nadia depuis quatre années compte 14 familles (soit environ 50 personnes). Il fait partie d’un ensemble de six petits douars regroupés sous le nom de Tninne Akddim. On y compte quelques 300 familles.

Lorsque l’occasion s’est présentée, c’est sans hésiter que Nadia a emménagé dans la ferme familiale afin de la réhabiliter.

La mission qu’elle se donne :  continuer les œuvres de son grand-père dans la région.

Aperçu de la ferme.

Suite à des inondations qui feront énormément de dégâts en 2014, Nadia et ses soutiens lancent l’association SOS Douars afin d’aider les familles à reconstruire leurs maisons.

Grâce à des donateurs, ils pourront distribuer du ciment et de l’eau potable en bouteille à chacune d’entre elles.

Les premières réparations lancées, il apparait comme une évidence que le travail de l’association ne doit pas s’arrêter là compte tenu des besoins des habitants de Tninne Akddim.

→ L’objectif de SOS Douars devient simple : donner aux locaux les moyens d’améliorer leurs conditions de vie et les mobiliser en ce sens.

Nadia et une volontaire allemande.

Tout d’abord, il s’agit d’amener l’eau potable dans les douars afin d’en finir avec les aller-retours fatigants jusqu’aux puits se trouvant parfois à pas moins de 1 kilomètre.

Une grande avancée en terme sanitaire !

Cela nécessite l’installation d’équipements de forage, de pompe et d’acheminement de l’eau.

Les travaux sont en cours mais avancent lentement à cause de certaines pressions locales. Les travaux avaient repris lors de mon passage en avril 2017. Mais le chantier est de nouveau à l’abandon à l’heure actuelle. Grrr…

Nadia tient bon. Elle ne compte pas se laisser impressionner par les cowboys et permettre qu’on lui mette des bâtons dans les roues !

Les travaux avancent tant bien que mal…

Partant de l’envie de monter un projet dédié aux femmes, Nadia a aussi eu l’idée de construire un atelier solidaire où elles pourraient venir travailler en sécurité.

Pour cela, elle a pensé à tout. Il va falloir faire des travaux pour construire un atelier. Il faut aussi que les femmes suivent des formations à la ville afin d’acquérir de nouvelles compétences.

C’est comme ça que, 4 fois par semaine, les femmes du douar partent à l’école en taxi pour assister à des cours de couture.

Au début, cela n’a pas été simple d’obtenir l’autorisation du chef de famille. Ni de gagner la confiance des femmes pour se faire conduire seules par un inconnu. Mais à force de dialogues et de discussions, Nadia a commencé à faire changer les mentalités.

D’autres projets de formations sont également en cours de réflexion.

A l’école de couture.

En attendant, les travaux de l’atelier avancent petit à petit, nonchalance locale oblige.

Malgré les pressions, bientôt (incha’allah), Nadia et les femmes pourront se mettre à travailler l’argan à l’abri du soleil.

Elles pourront aussi extraire l’huile des cactus après la récolte, ou encore à fabriquer des coussins à base de sacs en jute recyclés. Tout cela en ayant un œil sur leur progéniture qui s’amusera dans l’aire de jeux à proximité.

L’atelier avance…

Pour en savoir plus ou soutenir l’association SOS Douars, Nadia et les habitants de Tninne Akddim, suivez ce lien


Vous pouvez aussi les rejoindre en faisant partie de la cinquantaine de volontaires venus du monde entier pour participer au projet.

Inscrivez-vous sur workaway !

Ils ont besoin de vous !