Marie

À la découverte du kinbaku, l’art du cordage japonais

Une tentative de réhabilitation de la pratique en tant qu’art à part entière.

La pratique du kinbaku, mot japonais qui signifie « lié de manière serrée », déferle sur l’Europe. Cet art méconnu, trop souvent assimilé au BDSM*, intrigue et fait parler de lui. Ses adeptes y voient un art très esthétique mettant en valeur le corps et permettant de se libérer psychiquement. Ses détracteurs y voient une pratique humiliante, voire dégradante, essentiellement liée à une mouvance masochiste. Tentative de réhabilitation de la pratique comme art en tant que tel.


Shibari ou kinbaku ?

Le Kinbaku ou Shibari est l’art traditionnel japonais qui consiste à nouer et attacher de manière esthétique et raffinée. Certains parlent de kinbaku, d’autres de shibari. Mettons-nous d’accord sur les termes avant de commencer.

Personnellement, le mot shibari est le premier que j’ai appris et utilisé. Pour cette raison, et aussi parce que je préfère cette sonorité à « kin-ba-ku », je l’utilise à tort. En effet, selon le site Lyon Shibari (association lyonnaise spécialisée dans cette pratique),

« Le terme shibari (縛り) signifie  « attaché, lié ». Il est utilisé au Japon pour décrire l’art de ficeler les colis. Il est plus juste de parler de kinbaku (緊縛) qui signifie« lié de manière serrée » pour parler de bondage ou d’attache de personnes. »

⇒ En d’autres termes, nous parlerons ici du kinbaku comme une technique de bondage qui, dénuée de connotation sexuelle, met le corps au service de l’art.

#ropes by @Shin_Nawakiri by Touchwood on 500px.com
Une performance habillée, dépourvue de caractère sexuel. Photo : #ropes by @Shin_Nawakiri by Touchwood on 500px.com ».

L’hojojutsu, ou l’art de ligoter ses ennemis

Des règles anciennes

L’ancêtre du kinbaku, le hojojutsu, créé par les Samouraïs au XVème siècle, avait à l’origine un tout autre objet que l’aspect érotique qu’on lui prête volontiers aujourd’hui. En effet, c’est par cette technique que les malfaiteurs étaient ligotés. Et pas forcément torturés. L’ennemi était capturé à l’aide de cordes courtes, puis emmené vers ses geôles où il était ligoté d’une autre manière. Ce ligotage (dont les nœuds) devait permettre de lire son rang social et le crime qu’il avait commis. L’âge, le sexe et la profession de la victime étaient aussi déterminants pour les techniques de ligotage utilisées.

Quatre règles précises étaient imposées dans cette pratique :

  • le prisonnier ne devait pas pouvoir se détacher,
  • le ligotage ne devait entraîner ni dommage physique ni dommage mental,
  • la technique avec laquelle le prisonnier était attaché devait rester secrète,
  • le ligotage devait être esthétique.

L’émergence d’une nouvelle forme d’hojujustu

La pratique de l’hojojutsu a disparu avec les Samouraïs. A partir des années 1900, le kinbaku a émergé sous sa forme actuelle, mis en avant par différents artistes japonais qui ont défrayés la chronique et affronté la censure. Comme Ito Seiu, artiste considéré comme le père du kinbaku moderne, bien que ces œuvres aient été en grande partie détruites pendant la seconde guerre mondiale.

Dans les années 1950, le kinbaku va se populariser au Japon, notamment grâce à différentes revues, érotiques ou non. Parallèlement, cette pratique est « importée » aux Etats-Unis par différents photographes érotiques qui vont jouer un rôle central dans sa popularisation.

Depuis, des générations de cordeurs ont permis au shibari/kinbaku de se développer au Japon, puis partout dans le monde.  En Europe et au Etats-Unis, la pratique s’est immiscée dans les milieux BDSM (Bondage et Discipline, Domination et Soumission, Sadisme et Masochisme.).

Losing my soul by Rebeca Saray on 500px.com
Une influence résolument japonaise. Photo #losingmysoul by Rebeca Saray on 500px.com

Des liens étroits entre BDSM et kinbaku

Certes, la pratique répond parfaitement au sigle cité précédemment. C’est en effet une forme de bondage si l’on s’en réfère à la définition de Wikipédia :

« une pratique sexuelle sadomasochiste qui consiste à ligoter son partenaire dans le cadre d’une relation de soumis/domination.« 

Le kinbaku peut aussi suggérer une relation de domination et de soumission entre les deux protagonistes si l’on considère l’attaché comme totalement inactif. Par définition, la pratique suggère bien une forme d’immobilité, mais ce dernier ne reste cependant pas sans avoir son mot à dire (cf. la dernière partie de cet article).

Concernant le sadisme et le masochisme, il est vrai que cette pratique peut être utilisée à ces fins, non sans risque comme le montre cet article de presse qui arrive, quand même, en deuxième position de la recherche Google : le shibari, jeu érotique mortel, Le Point.

⇒ Cette assimilation un peu trop systématique au BDSM a, à mon sens, tendance à vider cette pratique de toute sa substance artistique.

De l’art, j’étouffe, de l’art !

« Création d’objets ou de mises en scène spécifiques destinées à produire chez l’homme un état particulier de sensibilité, plus ou moins lié au plaisir esthétique. » Définition de l’art – Larousse.

Le kinbaku, ou le corps au service de l’art.

Heureusement, plusieurs artistes talentueux aident aujourd’hui à la réhabilitation du kinbaku en tant qu’art avant tout. Parmi eux, et de loin mon préféré, Garth Knight, nous montre la complexité de la pratique et la beauté du corps mis en scène comme dans ce superbe cliché :

Kesia (ii) from the Enchanted Forest 2012 by Garth Knight, avec son aimable autorisation (thanks!)

On voit ici un art avant tout esthétique, qui utilise le corps pour créer une figure ligotée harmonieusement. L’attention n’est d’ailleurs pas focalisée sur le sujet humain. Celui-ci fait en effet partie intégrante d’une sculpture de cordes. Bien que le corps nu soit encordé, il n’est pas évoqué ici comme un objet de désir. Il est selon moi vecteur d’une puissante symbolique. Vous pourrez observer d’autres œuvres similaires sur le site web de Garth Knight, qui décline son travail en somptueuses séries à tendance parfois psychédélique.

Le kinbaku est aussi un art acrobatique qui immobilise le corps. Il lui enlève son autonomie et le positionne habilement dans l’espace telle une figure acrobatique, comme le fait ici Boris Umitbaev :

Shibari by Anna Anhen on 500px.com
modèle : Irina Neznamova, master shibari : Boris Umitbaev Photo #shibari by Anna Anhen on 500px.com

Certains modèles affirment aussi que le kinbaku est un art méditatif. Il les amène, une fois le corps immobilisé et ligoté subtilement, à ressentir physiquement ces entraves corporelles comme des entraves psychiques. Ne leur laissant que le choix de se laisser aller et de se détendre. Il demande une concentration de l’attaché, mais aussi de l’attacheur qui doit rester vigilant à ces nœuds et aux règles de sécurité.

L’idée de la performance sportive

Enfin le kinbaku peut aussi être envisager comme un sport. Une séance de kinbaku, en l’immobilisant, met le corps en efforts. Le modèle doit en effet pouvoir rester un certain moment dans une même position. Parfois, les membres sont étirés ou mis dans une position qui n’est pas naturelle. La pratique peut être ajustée à un sport en particulier, notamment la gym et la danse. Nous voyons ici un exemple d’acro shibari :

Shibari Acro - Floating Paschi by Justin Bench - 1 Take Wonders on 500px.com
Deux acrobates explorant le kinbaku. Photo : #shibariacro Floating Paschi by Justin Bench – 1 Take Wonders on 500px.com

Dans tous les cas, la pratique du kinkabu suggère une relation modèle (celui qui se fait ligoter)/cordeur (celui qui encorde) basée sur la confiance. Le cordeur doit être à l’écoute du modèle afin de ne pas le blesser physiquement ou psychiquement.

⇒ Dans son sens artistique, le kinbaku est donc à envisager avant tout comme une performance. Surtout lorsqu’il est poussé dans son extrême. 

Shibari by Vladimír Takáč on 500px.com
Une pratique qui s’approche du sport extrême. Photo : #Shibari by Vladimír Takáč on 500px.com

Des associations pour promouvoir l’art de la corde et l’épanouissement de soi

Afin de porter le kinbaku en tant qu’art et de « démocratiser » la pratique, des associations fleurissent partout en France.

Une sorte de charte a par ailleurs été créée par différentes associations de shibari/kinbaku afin de sensibiliser le public à la question de la sécurité lors de la pratique. Confiance, Consentement, Communication, Conscience sont les quatre mots clés de la pratique du shibari. Vous pourrez retrouver ici plus d’explications: Les 4 C du Shibari.

Loin des milieux glauques et sombres des milieux SM, ces associations proposent des espaces de rencontre, d’initiation et d’apprentissage de la pratique dans le respect de l’autre. Sur son site, l’association Lyon Shibari prévient :

« L’association n’est pas une agence matrimoniale, ni un club libertin. La prédation sexuelle et les comportements douteux y sont exclus.« 

Ici, le kinbaku est envisagé comme un cheminement intérieur :

« La pratique de la corde est un cheminement qui mène à l’épanouissement. Les routes menant à cet épanouissement sont donc propres à chacun. Pour favoriser cela, l’association est ouverte aux différents styles de Shibari pour que chacun puisse étudier, chercher, trouver et avancer selon son propre nawa do (du japonais nawa = cordes, do = cheminement d’éveil). »

B/W Shibari Art with Flowers by Nadiia Volkova on 500px.com
Le « Zen », une source d’inspiration pour le kinbaku. Photo : #B/W Shibari Art with Flowers by Nadiia Volkova on 500px.com

⇒ Loin des clichés sexuels, le kinbaku trouve peu à peu sa place en tant qu’art.
Tout dépend au final de la façon de le considérer. Pratique sexuelle, jeu érotique, performance artistique, le champs des possibilités est aussi vaste que l’imagination humaine. 

Il est pour moi intéressant à exploiter car il peut s’adapter à beaucoup de supports : photographie, sculpture, peinture, habillement… J’espère que cet article vous aura aidé à vous faire un avis sur le sujet.

Oserez-vous sauter le pas ? Après tout, à chacun son shibari !


*Le sigle BDSM désigne une forme d’échange sexuel contractuel utilisant la douleur, la contrainte, l’humiliation ou la mise en scène de divers fantasmes dans un but érogène.


La Symphonie des Oiseaux, quand la musique se sent pousser des ailes

Chanteur d’oiseaux, quelle drôle de profession me direz-vous ! Vous serez peut-être surpris d’apprendre qu’il s’agit d’une personne passionnée par le chant des oiseaux et qui les imite à la perfection. Au point, parfois, d’en faire un spectacle hors du commun.Preuve en est avec les chanteurs de La Symphonie des Oiseaux !


La rencontre entre deux musiciennes talentueuses et deux drôles d’oiseaux

 

Le quatuor de la Symphonie des Oiseaux est composé de deux instrumentistes, Geneviève Laureauceau, violoniste, de Lidija Bizjak, pianiste, et de Jean Boucault et Johnny Rasse, chanteurs d’oiseaux.

Les deux « chanteurs », d’origine picarde, ont grandi ensemble en partageant une passion. Ecouter et reproduire les cris des oiseaux. Ils vont alors tenter de se perfectionner dans un seul but : briller lors des concours d’imitation d’oiseaux. Cet enthousiasme ne va pas s’arrêter là, puisque de cette passion ils vont en faire un métier.

En 2006, après avoir participé entre autres à diverses émissions radiophoniques et télévisuelles, et au bruitage d’une pièce de théâtre, une idée improbable se concrétise. En effet, le directeur du Festival des Forêts de Compiègne fait jouer les deux « siffleurs » accompagnés du pianiste compositeur et improvisateur Jean-François Zygel. L’aventure commence alors pour les deux amis.

En 2016, La Symphonie des Oiseaux est au centre d’un projet pour la Folle Journée de Nantes, mené avec Geneviève Laureauceau au violon et Shani Diluka au piano. Le Quatuor sort alors un album et devient en 2017 l’une des révélations des Victoires de la musique.

Ils sont depuis en tournée et donnent des représentations un peu partout en France et à l’étranger.

Les artistes Jean Boucault et Johnny Rasse (chanteurs d’oiseaux), Geneviève Laureauceau (violoniste) et Lidija Bizjak (pianiste). / Crédit photo : Bertrand FESTAS, avec son aimable autorisation.

Rien dans les poches, rien dans les manches

C’est un peu par hasard que j’ai eu la chance d’assister à la Symphonie des Oiseaux à l’église de Menet dans le Cantal. Le quatuor y a en effet donné une représentation étonnante ce samedi 29 septembre 2018. L’événement était organisé par Euroculture, association culturelle missionnée par la communauté de communes du Pays Gentiane pour organiser sa saison culturelle.

Musiciens et chanteurs ont émerveillé le public avec un spectacle intimiste et poétique.

Au programme de la soirée, des morceaux de musiques classiques (Saint-Saëns, Satie, Schubert…) soigneusement sélectionnés et adaptés pour violon et piano. Le tout agrémenté de chants d’oiseaux produits sans appeaux ni sifflets. Les chanteurs ne font en effet appel qu’à des techniques traditionnelles. Ils produisent les sons avec la bouche en s’aidant uniquement des mains. Une ambiance qui se mariait plutôt bien avec le lieu.

Pendant un peu plus d’une heure, des mélodies ont retenti dans l’édifice et ont ravi avertis ou non de tout âge. Tous ont été subjugués par la précision des sifflements et autres cris. Sans oublier le mime de quelques-uns de nos amis les volatiles qui apportent une touche humoristique inattendue.

En quelques mots : j’ai été conquise par cette mise en scène minimaliste, mais au combien efficace. Un spectacle que je conseille donc aux mélomanes, aux passionnés d’ornithologie, et surtout aux curieux !


Pour découvrir par vous-même l’univers de ce quatuor extraordinaire et trouver les dates de concerts, rendez-vous sur le site : www.chanteurs-oiseaux.com


 


Le Jardin Délirant, quand le jardinage rencontre le land art

J’ai toujours eu un faible pour les jardins, surtout lorsqu’ils sont l’objet d’un projet peu ordinaire. Vous souvenez-vous du Jardin d’Ahmed, magnifique oasis au cœur du désert marocain ? Aujourd’hui, c’est au Jardin Délirant, situé à Bassignac dans le Cantal, que je vous emmène. Une destination bien différente mais pas moins exotique, grâce aux idées créatives de Michèle, la propriétaire. Un coin de verdure extravagant où se mêlent jardinage, art et amour du farfelu. Visite.



Le textile comme point de départ

Comme l’explique Michèle sur son site web, l’endroit est composé d’un atelier et d’un jardin. L’atelier est à l’origine du projet. En effet, Michèle a longtemps travaillé le textile avant de se lancer dans l’animation. En 1999, elle ouvre au public un premier espace vert sous la forme d’un jardin pédagogique. Une idée qui a fait son chemin puisque c’est en 2012 que cet espace deviendra le Jardin Délirant.

Crédit photo : M. PARENT

Michèle poursuit donc sa passion pour le textile et récupère depuis des vêtements, du linge de maison, des doudous, des chaussures, qu’elle valorise en les transformant. Vous l’aurez compris, le tissu est au cœur du projet.

Ce faisant, la propriétaire nous montre avant tout que le mot « jardin » ne se réduit pas à l’idée que l’on peut se faire du jardinage. Ce n’est pas seulement cultiver des légumes dans un potager. Ni un endroit où l’on fait pousser des fleurs ou sécher le linge. Encore moins un lieu de balade aux allées bien dessinées. Non, le Jardin Délirant, c’est un peu tout ça à la fois, et bien plus encore !



La visite du Jardin Délirant

La visite du jardin est libre (2€) ou guidée par la propriétaire qui vous parlera d’art, de plantes textiles et de jardinage (5€, sous réservation).

Crédit : M. PARENT

A la découverte du Land Art

Le land art est une tendance de l’art contemporain utilisant le cadre et les matériaux de la nature. Le plus souvent, les œuvres sont en extérieur, exposées aux éléments, et soumises à l’érosion naturelle.

En vous promenant dans les différentes parties du jardin, vous pouvez admirer les œuvres land art réalisées avec le tissu recyclé. Ce qui m’a frappé lorsque je suis entrée la première fois, c’est la couleur. Les notes colorées se fondent parfaitement dans la nature, pour un rendu fun. Les arbres sont habillés, les branches sont entrelacées, les bonhommes de neige résistent en été et les coccinelles dansent sous la pluie.

Ma réalisation préférée ? Une vieille carcasse de lit complètement recouverte de mousse, tout droit sortie d’un thriller se déroulant aux abords d’un asile psychiatrique désaffecté perdu au beau milieu d’une forêt ténébreuse.

Sinon, j’aime beaucoup les petits mots doux que l’on peut laisser dans les poches d’un patchwork réalisé en pantalons recyclés. Au final ce que j’aime au Jardin Délirant, c’est son côté poétique. Parce que partout, on y trouve un petit peu d’amour que Michèle sème de son grand cœur.

Crédit photo : M.PARENT

Les habitants du potager

Toutes les plantes ont leurs places dans les parties dédiées au potager. Les légumes, les fleurs, les « mauvaises » herbes, les mal-aimées, les non-identifiées… Une diversité que j’apprécie et que j’admire, le fait est que je n’ai pas vraiment la main verte. De plus, j’ai beaucoup apprécié que le plantain soit mis en avant, moi qui ai l’impression de passer pour une folle dès que je parle d’en faire une soupe ou une salade !

Crédit photo : M. PARENT / Les « mauvaises » herbes, les fruits, les mal-aimées…

Un peu de shopping à la boutique auto-gérée

Crédit photo : M. PARENT / Boutique autogérée

Autre chose dont je voudrais vous parler, c’est la boutique autogérée. Le principe me plaît bien. Il est tout simple : cette boutique n’a besoin ni de gérant, ni de vigile, ni de lumière, ni de musique, ni de puce électronique.

Elle se gère toute seule. Ou plutôt, vous la gérez vous-même.

Vous farfouillez dans les vêtements, les accessoires et les chaussures, vous essayez, vous payez deux euros par article, et le tour est joué !

De temps en temps, Michèle organise aussi au Jardin des après-midi « Gratifrérias » :

Chacun apporte ses vieux vêtements, draps, tissus, rideaux. Tout ce qui est exposé est gratuit. On fouille, on essaie, on emporte.
Vous n’avez rien à apporter ? Pas de panique, c’est ouvert à tous, on vous attend !

L’occasion de « faire des affaires » et de rencontrer les gens qui comme moi, apprécient le concept et soutiennent le projet.

 



Encore plein d’autres surprises

Ce serait gâcher la visite que de trop vous en dire, il y a tellement de choses à découvrir ! Le Jardin est en constante évolution. D’une visite à l’autre, les sculptures changent de place. Elles varient aussi en fonction des saisons. Donc à chaque fois, je découvre quelque chose de nouveau. Je ne cesse de m’émerveiller et j’en ressors souvent un peu plus paisible, avec parfois de nouvelles idées décos.

Des toilettes sèches, des tables de pique-nique, des cendriers de jardin, un accès à de l’eau fraîche… Michèle a pensé à tout pour vous permettre de passer un bon moment et vous donner envie d’y revenir.

Une petite suggestion pourtant : installer une bibliothèque de jardin ou une boite à livres. Mais sinon c’est pas grave, je continuerai à venir avec le mien pour profiter dans hamacs que j’adore.

Crédit photo : M. PARENT / Hammacs au Jardin


En parallèle des visites au jardin, Michèle anime des activités au sein de son atelier et se déplace également sur les sites alentours.  Vous pouvez la contacter pour tous renseignements via son site internet ou sa page facebook. Il y en a pour tous les âges et tous les goûts ! Gardez l’esprit ouvert sur le monde.




J’ai testé pour vous… s’installer du jour au lendemain dans le Cantal

Du fromage, des vaches et des volcans, voilà tout ce que je savais à propos du Cantal. Pourtant, en mars 2018, 3 mois après mon retour en France, la nouvelle tombe au lendemain d’un entretien d’embauche : je suis engagée à Champagnac (15350). Mon contrat commence dans 4 jours. On va pas se mentir, peu de monde s’imagine débarquer de Reims, la petite parisienne, pour un petit village situé dans l’une des régions des plus désertées de France. Moi, c’était mon rêve. 


 Une région verte-nature

Ce dont j’étais à peu près sûre en venant m’installer en Auvergne, c’était de l’opportunité de découvrir des paysages merveilleux et de faire de la randonnée.

Entre la Corrèze à l’ouest, le Puy de Dôme au Nord et de l’Aveyron au sud, le Cantal est plutôt bien situé. Sans parler de la Loire et de l’Ardèche pas très loin à l’est. Champagnac se trouve dans le nord du Cantal, à la limite de la Corrèze. Parfois les questions de « frontières » ne sont pas très claires, pour vous citer l’exemple du Château de Val. Méfiance donc à ne pas vous tromper lorsque vous vous adressez aux autochtones, parait-il que l’on ne plaisante pas avec ces choses-là !

Il y a tellement de lieux intéressants à découvrir aux alentours de chez moi que j’ai largement de quoi contenter l’impatience de mes jambes sans avoir à aller très loin. Je pense notamment au superbe Jardin Délirant et à la Chapelle de Saignes, devenu mon point d’observation du coucher de soleil de prédilection. Le tout est faisable dans la même journée en vélo grâce à la piste verte qui est quand même une super idée. La seule occasion du Cantal de faire du vélo à plat !

J’ai récemment découvert mon spot de l’été : le lac de Lastioulles. C’est là que je vais passer le plus clair de mon temps libre à m’essayer à ma nouvelle passion : le stand-up paddle. Parce que se retrouver debout sur une planche au milieu d’un lac avec vue sur les volcans d’Auvergne, c’est quand même la grande classe selon moi !

« Wouah Marie tu te rends compte de la chance que t’as d’être là ? C’est tout ce dont t’as toujours rêvé ! »

Ouais, c’est vraiment ça que je me suis dis à ce moment-là.

Le superbe lac de Lastioulles

La voiture, indispensable au quotidien (même pour les plus écolos).

Au niveau du département, le hic c’est que chaque déplacement prend une demi-heure au minimum. Ici, on annonce les distances en temps et non en kilomètres. Pour vous faire une idée, la préfecture -Aurillac-, se trouve à 1h15 de chez moi par beau temps, soit à 70km. Enfin, ça c’était avant la nouvelle limitation de vitesse à 80 km/h qui fait grand débat par ici. J’annonce ici la mort prochaine de mon permis de conduire. RIP, je t’aimais bien.

Les côtés positifs pour moi qui voulais quitter la ville, c’est que la première se trouve à 45 minutes. Parfois je me sens vraiment comme la fille Ingalls se préparant pour sa sortie hebdomadaire à la ville. Carriole en moins. Et ça, j’aime bien.

En parlant de carriole,  justement. Les transports en commun, c’est pas la joie. Un bus le matin pour aller, un bus le soir pour rentrer. Sauf le mercredi. Et les jours fériés. Ni pendant les vacances scolaires. Vous voyez le tableau. Moi personnellement j’ai ma Twings de compét’, ce qui ne pose pas de problèmes sauf en montée. Mais c’est pas sympa pour ceux qui n’en n’ont pas.

Un médecin, qu’est-ce que c’est ?

L’autre petit souci, outre les problèmes de transports collectifs,  c’est quand même la désertification médicale. Je dois donc parcourir les 1h30 qui me sépare de Clermont-Ferrand pour voir un gynéco, parce que ceux qui se trouvent plus près refusent de recevoir de nouveaux patients. Certains m’ont annoncé une liste d’attente de plusieurs mois. Et là je n’avais plus qu’à prier pour que mon vagin soit bien accroché ! Du coup je me suis résolue à devoir prendre au minimum une demi-journée de congés.

La table côté cantaloux

Sinon niveau produits locaux, le Saint Nectaire, le Cantal, et le Salers, sont la base ! Bourrioles (crèpes de sarazin), truffade et aligot (qui vient plus du sud) viennent compléter le menu. Ma consommation hebdomadaire de Cantal Vieux finira bientôt par atteindre mon propre poids, l’hiver s’annonce gras !

Concernant les liquides, la bière locale fait glisser le tout. On trouve aussi du Cola Auvergnat très sympa. Par contre, je me vois dans l’obligation de vous avertir d’une chose : le vin auvergnat m’a beaucoup déçu ! Pas de soleil, pas de tanins. Pas de tanins, pas de bon vin !

Il me reste encore à m’initier à la gentiane, mais je me réserve ça pour un dimanche midi avec les papys consanguins au troquet du coin.

Les fromages d’Auvergne

Cantal rime (presque) avec travail

Parlons de mon nouveau boulot, quand même ! Le job consiste en un poste de chargée d’accompagnement asile, c’est à dire que j’accompagne les migrants dans leur demande d’asile. J’informe les gens, je les conseille et les guide dans les différentes procédures d’asile (ceci fera l’objet d’un autre article).

Le centre, d’une capacité d’accueil de 40 personnes, a été installé dans un ancien château qui auparavant était une sorte de maison de retraite. Je vous passe les histoires politiques au sujet de l’ouverture du centre. Sachez juste que les extrêmes sont dangereux, quel qu’en soit le bord.

Les chambres se trouvent dans les deux étages supérieurs tandis que les salles communes, la cuisine et le salon, sont au rez-de-chaussée. Les bureaux ont été emménagés dans une somptueuse cave voûtée en pierres.

Crédit : https://www.chateau-fort-manoir-chateau.eu
Le Château de Champagnac

L’association qui gère le projet est impliquée dans les défenses des droits des migrants et des demandeurs d’asile. Elle s’investie en outre dans la prise en charge des personnes et dans le plaidoyer. Presque tous les salariés chargés d’accompagnement sont juristes. J’ai suivi une formation très intéressante sur la très-compliquée-procédure-dublin pour me mettre à niveau.

Cette aventure est donc tant formatrice qu’enrichissante car elle me permet aussi d’échanger avec des personnes en provenance de plusieurs pays comme le Soudan, la Somalie, l’Ethiopie, l’Érythrée, la Libye et l’Afghanistan. Rencontrer une telle diversité au fin fond du Cantal, qui l’aurait cru ?!


Me voilà donc installée dans mon petit appartement vite trouvé avec plein de choses à vous raconter. Et de supers endroits à vous faire visiter. Pour conclure je vous dirais seulement : restez connectés car une chose est sûre à présent :

La campagne du Cantal est ouverte sur le monde !


 


J’ai testé pour vous… être professeur de FLE au Maroc.

Il y a quelques temps, je vous faisais part – dans un précédent article – de ma volonté de trouver un emploi de professeur de FLE au Maroc. Je vous avais aussi partagé mes doutes et les difficultés que j’éprouvais à assurer mes cours aux enfants débutants. Trois mois plus tard, le temps est venu de faire un point sur cette expérience et les leçons que j’en ai tirées.


Tout d’abord, sachez que j’ai effectué au total 99 heures de cours. Soit trois modules de 30h répartis sur trois groupes : A3 pré-adolescents, A1 adultes et B1 adultes. Le groupe des petits débutants du samedi matin m’a été enlevé, à mon grand soulagement. J’ai eu des difficultés à organiser mes cours pour le groupe B1 qui était assez hétérogène.

La toute première leçon que j’ai tiré de cette expérience, c’est que la préparation d’un cours demande énormément de temps. Mais ce n’est pas grave, ça me plait ! Et je me dis que lorsque j’aurai plus d’expérience, des documents appropriés et des programmes déjà établis. Je gagnerai un temps considérable.


De l’autoformation à la classe de FLE

Pendant ces trois mois, j’ai été un peu autodidacte. Je me suis auto-formée. Même si j’avais suivi les professeurs pendant trois semaines cet été, cela n’était pas suffisant. Les premiers cours ont été difficiles, puis petit à petit je me suis sentie un peu plus à l’aise. Sans pour autant avoir totalement confiance en moi. Avec les autres professeurs, nous avons bien eu deux jours de formation. Seulement voilà, j’avais déjà effectué mes 88 heures de cours sur les 90 prévues dans le module.

J’ai essayé tant bien que mal de suivre les cours du CNED pour mon DAEFLE, qui m’ont apporté beaucoup. Cependant, je suis tellement en retard sur le programme que je commence à douter de ma capacité à rendre les devoirs dans les temps. Et donc à obtenir le diplôme.

J’ai donc décidé que, même si le terrain est très formateur, il vaut mieux que je revois le sens de mes priorités. Je vais donc m’appliquer dans les prochains mois à ne me concentrer que sur mon diplôme. 


L’absence de supports pédagogiques adaptés

Soyons clairs, on n’utilise pas le même support pédagogique lorsque l’on enseigne le français aux enfants et aux adultes. Il me semble que, bien qu’il faille commencer par le commencement, on ne va pas fixer les mêmes objectifs d’apprentissage. Déjà, parce qu’ils n’ont pas la même manière d’apprendre. Et ensuite parce qu’ils n’ont pas les mêmes centres d’intérêt. Pendant les premiers cours avec les adultes débutants, j’ai tenté d’appliquer la méthode de ma collègue, en vain. Franchement, qu’est-ce que un adulte en a à faire de dire que « dans ma chambre, il y a un lit, une armoire, une chaise, et une télévision » ?! 

J’ai bien essayé d’utiliser les manuels à ma disposition, mais ils étaient tous adressés à un public adolescent (disons de 10 à 15 ans). Je ne dis pas que le manuel Adosphère est inutile. Je dis seulement qu’il n’est pas adapté à un groupe d’adultes. D’ailleurs dans « Adosphère », il y a bien le préfixe « ado ». Alors pourquoi on continue à me soutenir le contraire ? Vous me voyez, vous, enseigner aux +18 ans comment organiser en français son super goûté anniversaire avec leurs super-meilleurs-copains ? Moi, pas.

J’ai donc appris la grande difficulté qu’était la préparation d’un courssurtout lorsque l’on n’a pas de support. 


Le piège Internet

Les recherches sur internet prennent énormément de temps. Et vous connaissez le concept de la grande toile : on trouve de tout sauf ce que l’on cherche vraiment. On s’égare vite. Il faut savoir faire preuve d’une grande volonté pour ne pas revoir 150 fois la vidéo du chat qui fait la gueule, ou du gaufrier qui pète. Ma préférée restant quand même celle des canards en plastiqueMort de rire.

De plus, on trouve quand même sur les sites participatifs comme ISL Collective de nombreux documents truffés de fautes et de non-sens. Ainsi, j’ai également appris à toujours relire mes documents avant d’aller en classe. Ça permet d’éviter pas mal de malaises lorsqu’un étudiant vous fait gentiment remarquer que l’exercice que vous avez soumis est rempli d’erreurs. Oups.


Des étudiants peu sérieux

S’il y a une chose que j’ai apprise, c’est que s’il y a de mauvais professeurs, il y a aussi de mauvais élèves. Comme ceux qui viennent sans cahier ou sans stylo. Ceux qui loupent les cours, qui arrivent en retard. Ceux qui répondent au téléphone…

Et ceux qui pensent qu’on apprend une langue comme on fait une piqûre, et que je vais leur injecter une dose de vocabulaire à chaque cours. Sauf que je suis pas infirmière, encore moins élève, je suis le proFLEsseur. Donc ce n’est pas à moi de réviser à leur place.

Par contre, je me suis aperçu de la nécessité de revoir ses propres leçons avant de vouloir les apprendre aux autres. La langue française est une langue exigeante régie par énormément de règles auxquelles on ne réfléchit pas forcément. Lorsque c’est notre langue maternelle, on la pratique par automatisme.


De la léthargie marocaine

Pour finir, il me semble important de vous expliquer mon parcours concernant la demande de visa-travail. C’est bien simple, je ne l’ai toujours pas obtenu, après 3 mois de présence dans le pays.

Lorsque l’on s’est décidé à entamer les démarches avec mon employeur (au bout d’un mois…) pour en faire la demande, nous nous sommes rendus compte qu’il fallait prendre contact avec l’ANAPEC, l’agence marocaine pour l’emploi. Il nous fallait obtenir un papier certifiant « l’absence de candidats nationaux pour occuper le poste proposé ». Les centres de langues privés ne sont pas concernés par cette mesure. Mais faute de diplôme, je ne remplissais pas toutes les conditions pour qu’on me laisse travailler. J’ai eu la chance d’être prise en pitié par la dame qui nous a reçu. Touchée par ma situation et ma mine dépitée, elle m’a doucement glissé qu’elle ferait passer mon dossier. Chose qui a en effet été faite ! 

Une fois cette formalité remplie, il a fallu que mon employeur m’inscrive sur le site  web TAECHIR (qui ne fonctionnait pas bien) avant de me présenter au service de l’emploi des étrangers. La seule bonne nouvelle dans l’histoire, c’est qu’alors que nous pensions devoir aller jusqu’à Rabat, nous avons pu nous présenter à Casablanca.

Et heureusement. L’employée qui nous a reçu nous a en effet renvoyé pour cause de dossier incomplet. Moi perso, je le savais bien qu’il me manquait des documents. Je n’étais pas en mesure de présenter les certificats de travail de mes deux précédents emplois. Mais mon chef a insisté pour nous y rendre, persuadé que c’était gagné d’avance. Hé non mon gars, j’te l’avais bien dit !

Bref, tout ça pour dire que, léthargie marocaine oblige, mon visa touriste est arrivé à expiration au bout de trois mois. J’ai donc été obligée de sortir du territoire, au moins pour aller chercher les papiers manquants en France. Le problème étant que lorsque l’on touche un salaire marocain, ça devient très compliqué d’acheter un billet aller-retour. J’ai donc pris un aller simple direction la France. Country sweet country.

Le mot de la fin

Pour conclure, je dirais que je ne suis pas sûre d’avoir toutes les compétences pour me lancer dans l’enseignement. Je suis résolue à terminer ma formation avant de me lancer. Même si l’on se forme tout au long de sa carrière, il me semble essentiel d’avoir les bases avant de commencer. Ne serait-ce que pour se sentir sûre de soi en face des élèves.

Il me reste donc encore beaucoup de choses à apprendre. En attendant, me voilà en France où je vais profiter de mes amis et de ma famille avant de repartir peut-être, vers de nouvelles aventures.

 


A bientôt donc, pour un nouveau billet.
En attendant restez connectés et n’oubliez pas : gardez l’esprit ouvert sur le monde !